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Hôte de Faire Autrement

Le Familistère
de Guise

Faire Autrement se déploie dans un vaste palais rouge brique, haut-lieu de l’innovation sociale et de la coopération érigé dans la seconde moitié du XIXe siècle dans le nord rural du département de l’Aisne.

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De quoi ce « Familistère » fut-il le projet ? Cité ouvrière originale comme on l’imagine souvent, ou véritable alternative sociale, économique et culturelle ?

Jean-Baptiste André Godin, son fondateur, est un ouvrier autodidacte devenu un fouriériste enthousiaste en même temps qu’un industriel perspicace et hardi, fondateur d’une fameuse manufacture de poêles en fonte de fer émaillée.

Au départ, il y a donc Charles Fourier, le philosophe du bonheur exubérant, le Newton de la science sociale, le Buster Keaton de l’utopie. Pour Fourier la société harmonieuse est supposée advenir dans des communes ou phalanges de 1620 individus de tous sexes entièrement gouvernés par leurs libres passions. Fourier baptise « phalanstères » ces communes qui tirent leur prospérité de l’association du capital, du travail et du talent. Dans le contraste radical entre cette société heureuse et la société industrielle malheureuse qui l’a précédée, Fourier décrit un écart absolu qui pourrait être l’expression de l’utopie.

Godin a vécu de près l’injustice sociale de la nouvelle société capitaliste. Avec les fouriéristes, il est ébloui par la lecture des œuvres du maître. Mais il ne suffit pas d’échafauder en idée des phalanstères d’encre et de papier. Il faut montrer au monde que l’utopie peut se réaliser. Il faut faire. Quitte à amender la doctrine. Quitte à renoncer au bonheur immédiat. Commençons par un palais, une habitation humaine faste, pour laisser la misère derrière soi, se dit Godin, et apprendre à coopérer les un·es les autres dans les faits de la vie productive et domestique, voire à s’associer en esprit. La révolution domestique n’est-elle pas le pivot de la révolution sociale ?

L’habitation collective confortable est le préalable indispensable à la transformation sociale. Godin tient cette idée de Fourier. Il a aussi la certitude que l’association du capital et du travail est la formule de l’émancipation pacifique des classes populaires. Et il convertit le Familistère ainsi que les fonderies et manufactures qu’il a fondées en une propriété collective de leurs travailleurs et travailleuses. Mais il considère que la réalisation de cette association matérielle et spirituelle est un processus, le difficile apprentissage collectif de l’intérêt commun. Le Familistère est, en fin de compte, une grande œuvre éducative qui veut administrer la preuve qu’une population laborieuse peut prospérer et se gouverner par elle-même.
La question de la justice sociale, du bien commun, de la réappropriation du capital et du foncier n’est-elle pas au cœur des aspirations d’aujourd’hui ?

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Le pouponnat du Familistère de Guise, photographie Marie-Jeanne Dallet, 1895 (coll. Famili
Le pouponnat du Familistère de Guise, photographie Marie-Jeanne Dallet, 1895 (coll_edited.
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